A la fondation Konrad Adenauer, "United Brother", un groupe de rap bassari a lancé son premier single intitulé "Afo Me Caan" afin de promouvoir les valeurs de leur culture et de mieux la faire connaitre.
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Valoriser la culture
Bassari à travers la musique, c'est l'ambition de "United
Brothers".Ce groupe de rap de 3 jeunes originaires de
Tambacouda, ont lancé leur premier Single intitulé "AFO ME
CAAN" (Il est temps de se faire connaître) ce jeudi 27 octobre
à l'occasion du ciné club "spécial rentrée" de la
Fondation Konrad Adenauer.
Avant la projection du
clip de "United Brothers", Madame Bocandé, Chargé des
Programmes de la Fondation a souligné dans son allocution qu'il est
"important de faire survivre cette tradition millénaire"."
Ils allient rythmes modernes et traditions anciennes" a-t-elle
indiqué à l'assistance.
Dans le clip, on peut
voir une scène montrant un individu ivre, disciple de Bacchus, sur
la table duquel les bouteilles de bières sont posées ,entouré de
jeunes demoiselles. Pour Wallance Bianquinch, membre du groupe cela
est "une manière de sensibiliser sur cette habitude néfaste
qui gangrène notre milieu".Outre cette scène, les filles dans
le clip sont au au pas des danseuses américaines. Une autre séquence
montre la danse traditionnelle avec les masques , le tout aux
cadences du rap chanté en langue Bassari. Sur les marches du
Monument de la Renaissance aussi, les rappeurs donnent la voix.
Ainsi, pour une société
qui veut s'ancrer dans sa culture, choisir le rap comme moyen
d'expression peut relever certaines contradictions. Pour Thiasaly ,
un jeune congolais qui a assisté à la projection du clip des
"United Brothers" ,le clip est plus moderne que
traditionnel."Il aurait été mieux que ça se tourne en pays
bassari" dit-il ajoutant que c'est bien de garder sa culture.
Sur le choix du
rap,Albert Boubane, producteur du groupe intervient:"Le rap est
une musique très apprécié par les jeunes et nous l'avons choisi
pour parce qu'il correspond au message que nous voulons faire
passer".
L'occasion pour ces
jeunes rappeurs de faire connaître leur langue qui est jusque là
beaucoup ignoré par le grand public es saisie et cela justifie un
peu le titre "AFO ME CAAN"comme l'explique ici Daddy Oscar,
membre du groupe :"Il faut qu'on se montre, qu'on se fasse
connaître .On dit que notre langue est minoritaire au Sénégal.
C’est pourquoi on a choisi de chanter en bassari pour montrer qu'on
existe."
Quant à Pépé
Guilavogui, Journaliste-Sociologue,il met le groupe en garde contre
ce qu'il appelle le "rap ethnique" ."Le rap est né au
États Unis dans un contexte de ségrégation où il était un
mouvement d'affirmation de soi. Aujourd’hui, les réalités ont
changé. Il y a risque de 'ghettoïsation culturel,' qui peut être
un facteur de blocage pour l'épanouissement du groupe dans le temps
et dans l'espace, c'est pourquoi il faut penser à l'avenir d'éviter
le rap ethnique" explique cet originaire de guinée ajoutant que
l'initiative en soi est bonne.
Aïcha Bianquinch est
bassari, mais a grandi grand à Dakar, elle avoue sa joie."Je
suis contente de voir mes frères sortir à la télé et promouvoir
notre culture. Je suis très émue" affirme la jeune demoiselle.
"Je suis peul mais
j'habite avec les bassaris. Chaque fois, les chambre en leur disant
qu'il n'y a pas d'artistes bassaris. C’est une première et je suis
fier pour eux" lance Aminata, Présidente du Groupe de Réflexion
et d'action des filles de Kédougou.
La prochaine étape du
groupe créé depuis 10 ans va tourner autour d'une série de
rencontres et de causeries qui mènera le "United Brothers"
vers les endroits où sont installés leurs ressortissants, a-t-on
appris auprès du producteur du groupe qui prépare un album où ils
ne chanteront pas seulement en bassari.
Le pays Bassari est une
région de collines sur la frontière entre le Sénégal et la
Guinée, plus précisément dans une zone située à l'Est de
Younkounkoun, à l'Ouest de Kédougou et au Sud du fleuve Gambie.
Wikipedia revèle que
d'après les recherches effectuées par les scientifiques, les
Bassari seraient apparentés aux Bantous d'Afrique centrale et
australe. Pour affirmer cela, ils se sont appuyés sur les
ressemblances physiques, et les ressemblances culturelles, telle que
les parures ou les coiffures.
D'ici là, bonne chance à
eux ...