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Les bulldozers arrachent les baobabs séculaires |
Thies, ville verte ??
C’était peut-être vrai il y a quelques années. Mais on fait tout
pour y »remédier ».
Les beaux vieux
cailcédrats et fromagers sont décimés par les bergers qui en font
des « pâturages aériens » …, par les soi-disant
guérisseurs qui en coupent des gros morceaux d’écorce… par
certains qui font du set-setal et brûlent les déchets dans les
creux entre les racines des arbres… bref, on dirait que les arbres
n’intéressent personne...
Dernière bavure, et pas
la moindre : des bulldozers sont en train de détruire de fond
en comble la petite mais dense forêt entre le rail et la route de
l’ENOA, la forêt qui faisait partie du ministère de l’élevage,
derrière les quartiers 10ème et Diakhao, et qui était déjà
agressée de toutes parts par les videurs de poubelles et autres
charbonniers…
Depuis quelques jours,
les bulldozers arrachent les baobabs séculaires, les kadd, et tous
les autres arbres et arbustes, un « poumon vert » de
cette partie de la ville, qui permettait aux sportifs de faire leur
footing, aux bergers de faire paître leurs bœufs, et à
d’innombrables petites bêtes de vivre paisiblement : lièvres,
écureuils, perdrix, civettes, oiseaux… Il y avait une flore
splendide aux alentours de l’hivernage qui faisait penser à un
jardin tropical, et le reste de l’année, la forêt offrait de
l’espace et de l’air pur.
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Des baobabs arrachés |
Détruite. Tout
est fini. On va respirer l’air sale et pollué qui n’aura rien à
envier à l’air de Dakar, on n’aura plus d’espace naturel pour
se promener, fini, cette petite niche de flore et de faune riche et
variée.
Détruite. Les
baobabs, séculaires témoins de l’expansion de cette ville de
Thies, couchés par terre, assassinés par les bulldozers. Autrefois,
avant de tuer un baobab, on appelait un prêtre traditionnel pour
accomplir certains rituels, car les baobabs sont supposés être
domicile d’esprit et autre djinns. Ces croyances qui protégeaient
aussi la nature… . Un coup de bulldozer, hop, fini le baobab.
Détruite. La
forêt aurait pu servir, en renforcement des cours d’SWT, de
terrain d’apprentissage de la nature aux enfants qui passent leur
temps devant les ordis et la télé. Elle aurait pu continuer de
fournir l’oxygène à la ville et à servir de poumon vert,
généreusement, gracieusement.
Détruite. La
boulimie foncière d’une ville en pleine expansion. Alors qu’il y
a, aux alentours de Thies, plein de terres stériles, latéritiques,
qui auraient pu accueillir de nouveaux quartiers. Mais non, comme la
forêt est plus proche, et comme elle fait partie du terroir
communal, c’est plus simple de l’enlever.
Détruite, morte, finie.
Voilà.
Et personne ne réagit.
Personne n’en parle, pas d’émission radio, pas un mot dans la
presse.
Bientôt le désert ici,
bienvenue Sahara !
Ute G Bocandé
Thies, le 3 février 2013